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TONGRES - Visite
 

Brocante des Antiquaires
Tous les dimanches matins, à partir de 5 h., a lieu un grand marché d’antiquité et de brocante, le plus important du Benelux selon la ville.
Il est très animé et varié !

Nous avons l’occasion de le traverser durant la matinée tout en ne perdant pas de vue le rempart médiéval (sur bases romaines) que nous longeons ainsi pour arriver à la Moerenpoort.

 

Tongres (Tongeren) située sur le Geer (Jeker) est, avec Tournai, la plus ancienne ville de Belgique.

 

Elle serait la « Aduatuca »(Atuatuca) citée par César(« Commentarii De bello Gallico »-Guerre des Gaules).Certains auteurs mettent cette identification en doute arguant du fait que le mot « aduatuca » serait un nom commun signifiant « forteresse » et que plusieurs sites de la région des Eburons pourraient correspondre à la description du lieu faite par J. César. Néanmoins il apparaît que le site de Tongres porte de façon certaine le nom d’ « Aduatuca Tungrorum » sous l’Empire d’Auguste et peut-être celui d’ « Aduatuca » à l’arrivée de César.

 

Située dans une région fertile de Hesbaye, au bord du Geer, navigable à l’époque jusqu’à la Meuse(embouchure à Maastricht), elle est également au confins d’axes routiers importants.

D’après les fouilles les plus récentes, elle aurait à l’origine (dernière décennie du 1ier s. avant J.Ch.) eu un caractère militaire, campement de passage sans être un véritable camp de base pour les légions romaines.

n26

Certains remparts de cette première période (Haut Empire) sont visibles à l’extérieur de la première enceinte (au Sud-Ouest de la ville) (voir plan N° 26).

 

C’est seulement sous le règne d’Auguste qu’elle serait devenue grâce à sa situation privilégiée un important centre de la vie militaire qui aurait alors attiré une population civile de plus en plus importante, industrieuse et puissante.

 

Elle conserve le souvenir particulier d’Ambiorix, le très courageux et mythique chef gaulois dont parle César dans ses commentaires sur la guerre des Gaules « De Bello Gallico ».
Selon son récit, ce chef des Eburons l’aurait défié en 54 avant Jésus Christ.

 

En 57, César avait vaincu les Nerviens de Boduognat, massacré les Aduatiques et soumis les Eburons, les Morins et les Ménapiens.

 

Mais en 54, les Eburons d’Ambiorix, alliés aux Trévires d’Indutiomar, se révoltent et massacrent les quinze cohortes (= quelque 9.000 militaires à 7.200 selon d’autres sources ?) installées en Eburonie. Courageuse mais téméraire tentative de se libérer face à des légions romaines disciplinées et beaucoup mieux armées, dirigées par un stratège rompu à l’art de la guerre !
Après ce premier échec des Romains, la résistance( près de Binche ?) du légat Quintus Cicéron(frère de l’orateur) permet à César d’écraser les rebelles.Il saccage l' Eburonie, tous les survivants sont vendus comme esclaves.

 

Il semble qu’ils aient été alors remplacés par les « Tungri » (les Tongres), d’origine germanique (quoique la désignation « germanique » reste elle aussi assez imprécise).
Il reste à noter que César, dans son œuvre, rendra hommage au courage des « Belgae » (même si l’on n’est pas certain de la peuplade qu’il désignait ainsi)
Ce récit « historique » ne provient à ce jour que d’une source directe contemporaine des événements : le journal  de campagne de César lui-même.

 

Avec plus de certitudes, nous savons que, quand Auguste a défini les limites des différentes « civitates »(districts)de la province de Germanie seconde, il aurait choisi la « ville » comme « municipe »(chef-lieu) de la « civitas » gallo-romaine des Tongres sous le nom de « Aduatuca Tungrorum ».

 

Comme la célèbre chaussée Bavai-Cologne(Bagacum-Colonia Agrippina) la traversait, son importance devint telle que, sous l’empereur Tibère, elle couvrit une superficie bien plus vaste qu’aujourd’hui.
En témoignent l’enceinte et les nombreux sites retrouvés dans et hors les limites de la cité actuelle. 

 

Cette enceinte qui encercle toute la ville, protégeait les édifices(dont la plupart en bois) dès la fin 1ier, début 2ième siècle…il en reste quelque 1.400 mètres sur les 4.544 m. d’origine (davantage que celle de Cologne !) (voir plan).

 
temple

Un temple fut construit (fin 1ier début 2ième s.) au centre d’une esplanade « sacrée » entourée de galeries.
Dans sa dernière phase de construction, il associait le style romain classique au style gaulois.
Sa position éloignée du centre de la ville et en bordure du rempart nord s’explique par deux faits : il se trouve sur le point le plus élevé de la cité et est relativement proche de sources fort vénérées dans les traditions religieuses.( voir dessin-reconstitution).

 
Beukenberg

A l’extérieur des remparts, le « Beukenberg »(colline des hêtres), levée de terre, serait la digue de l’aqueduc (canalisation

horreum

probablement en bois, donc disparue).(voir carte postale)

 

On trouvait aussi, hors enceinte, un « horreum », vaste magasin-réserve de grains.
Sa situation avait sans doute été déterminée par le fait qu’une route le longeait et que le Geer se trouvait à proximité.Ces deux éléments facilitaient considérablement le commerce et le transport ( voir reconstitution )

 

 

On trouve aussi différents tumuli gallo-romains et deux nécropoles.
Les deux grandes nécropoles s’étendaient l’une au Nord-Est, l’autre au sud-ouest de la ville(plusieurs dizaines d’hectares !) On y a observé particulièrement la richesse de certaines tombes et la diversité des rites funéraires.

 

Après les destructions de 270 ou 275, le périmètre du municipe fut considérablement réduit(2.604 m.) ; de cette nouvelle enceinte redimensionnée subsistent les vestiges d’une tour (à côté de la basilique).
Un fossé d’environ 10 m. renforçait le mur qui, sur 600 m. « récupérait » une partie de l’enceinte primitive.
Les dernières fouilles ont permis de voir l’évolution de l’habitat et de retrouver dans la ville les quartiers artisanaux et les quartiers résidentiels.(voir reconstitution de maisons)

 

Les vestiges d’une basilique romaine datant du Bas Empire ont été mis au jour dans les récentes fouilles de l’église actuelle. Elle avait été construite sur les ruines d’une riche demeure urbaine incendiée au 3ième siècle.
Cette demeure possédait des thermes privés ; un hypocauste et une arrivée d’eau ont été mis au jour(voir fouilles).

 

Ainsi, la puissance de Tongres se manifeste dans la richesse de ses vestiges, la cité fut bien une des capitales administratives de la Germanie Seconde.
Elle fut aussi le siège d’un évêché dès le début du 4ième siècle, l’évêque Servatius (Servais) y est mentionné de 346 à 349 ; il alla mourir à Maastricht en 384( ?), on sait qu’ensuite le siège de l’évêché passa à Liège en 721.

 

Plus tard, le monastère carolingien dépendra de la Principauté de Liège quand l’empereur Otton II le donnera à Notger, le prince-évêque de Liège en 980.

 

Le chapitre de Notre-Dame, qui compte une vingtaine de chanoines, apparaît fin 11ième s en remplacement du monastère carolingien.
Mais la ville fut aussi l’objet de toutes les convoitises…
Après les invasions successives des Francs, les Normands, en 881, la pillèrent à leur tour.
Cependant les riches objets trouvés dans les tumuli, les tombes, la basilique, montrent que la ville s’est à chaque fois relevée des attaques.

Suite aux études les plus récentes, on peut penser qu’elle a été occupée sans discontinuité durant les périodes romaines, mérovingiennes et carolingiennes même si elle n’eut pas toujours la puissance qu’elle connut à l’époque romaine.

 

Saccagée en 1180 par le comte de Looz, en 1213 par le duc Henri 1ier de Brabant, la cité décide, en 1241 de se munir d’une nouvelle enceinte qui protègerait le cœur de la ville. (Ce rempart, qui a repris certaines bases de l’enceinte romaine et dont subsistent plusieurs murailles au Nord et Est de la ville, correspond quasi à l’actuel périphérique). 

Les grandes corporations doivent défendre les tours de ce mur d’enceinte. C’est ainsi qu’on peut encore voir la Tour des Drapiers (Lakenmakerstoren) et la tour Velinx. 

moerenpoort

Partiellement détruits au 15ième siècle, les murs seront gravement endommagés par les Français en 1677 ; seule la Moerenpoort (porte de Visé) témoigne des six grandes portes qui donnaient accès à la ville médiévale.(voir carte postale)

 

Dès le moyen âge, (11ième, 12ième) et jusqu’au 17ième siècle, habitée par de très riches familles de commerçants et d’artisans, la cité médiévale s’était peuplée d’un imposant nombre de couvents, d’églises paroissiales, d’un hospice-hôpital Saint-Jacques, d’un béguinage, d’édifices urbains prestigieux et même, hors remparts, d’une léproserie.

Le saccage le plus grave, dont la ville ne se relèvera jamais vraiment, fut l'incendie et le pillage par les Français de Louis XIV en 1677 (par le comte de Calvo)
On sait, grâce aux archives, que certains édifices, dont l’Agnetenklooster (à ce moment-là couvent pour jeunes-filles de la riche bourgeoisie) et sans doute le béguinage tout proche, offrirent des « rançons » fabuleuses aux Français afin d’être épargnés de la destruction.

   
 

VISITE DE LA VILLE :

 

La Grand Place
 

 

AmbiorixStatue d’Ambiorix (inaugurée en 1866)
le chef des Eburons est ici évoqué (non sans anachronisme… dont le dolmen qui lui sert de socle et certaines armes…) par le sculpteur Jules Bertin.
Dans la lancée, l’artiste concevra également un Vercingétorix et certains connaisseurs se demandent si les deux statues n’ont pas été « échangées » ! Par ailleurs, quelques historiens mettent en doute l’existence réelle d’Ambiorix ; la seule source qui en parle est Jules César lui-même… et il avait intérêt à justifier la perte de quelque 9.000 hommes... par un piège de l’ennemi et un combat sanglant contre un cruel adversaire !

Celui-ci d’ailleurs disparaîtra mystérieusement(en Germanie ?)sans être jamais pris… 

Il faut aussi ajouter que le personnage d’Ambiorix fut « retrouvé » et mis à l’honneur surtout après 1830.
La toute jeune Belgique avait besoin de posséder « ses héros » de préférence courageux et résistant à de puissants adversaires…
Certains poètes mettront Ambiorix en valeur et, sur la lancée, le gouvernement commandera à Jules Bertin une statue de cet « héroïque ancien Belge ».
Celle-ci sera inaugurée en 1866, sera restaurée dans les années 1990 et fait actuellement partie indéfectible du folklore et de l’histoire de Belgique.

  La Grand Place (Grote Markt)
 

est bordée de plusieurs maisons de style mosan (16ième et 17ième siècles) mais on y verra surtout la magnifique basilique gothique (1240) : la plus ancienne « église de Notre-Dame » au Nord des Alpes(O. L. Vrouw Basiliek) et son cloître roman, l’un des plus beaux de Belgique (12ième siècle).

   
 

La basilique Notre-Dame

  basiliqueActuellement, la basilique fait l’objet de fouilles archéologiques (1999-2002)qui ont permis durant les 2ième et 3ième phases de remonter jusqu’à l’édifice romain qui s’y trouve enfoui.(Le site de fouilles récemment « refermé » sera plus tard accessible par le musée mais l’emplacement est actuellement visible gratuitement avec panneaux explicatifs) Les vestiges d’une basilique romaine paléochrétienne datant du Bas Empire ont été mis au jour dans les récentes fouilles de l’église actuelle. Cette basilique avait elle-même été construite sur les ruines d’une riche maison urbaine incendiée au 3ième s. On ne peut pas encore établir le plan précis de la première basilique mais on sait qu’une partie des murs extérieurs a été intégrée dans une église mérovingienne. Il est raisonnable de penser qu’il existait bien une église paléochrétienne romaine à Tongres. A l’intérieur de l’abside, on trouve une banquette et la fondation d’une petite construction au centre de l’exèdre(banc de pierres annexé au fond de l’abside dans les églises paléochrétiennes). Cette petite construction(autel ?) se trouve au même endroit où se situera l’autel de l’église mérovingienne. Le lieu paraît donc de plus en plus avoir été occupé de façon continue, même si l’on ne sait pas encore déterminer toutes les phases des constructions successives. Avant les fouilles, on considérait que l’église avait été fondée au 9ième siècle (avec le monastère carolingien) mais, grâce aux trois premières phases de recherche dans le sous-sol, on peut désormais remonter considérablement dans le temps. On sait par ailleurs que l’édifice gothique fut commandé par le Chapitre des Chanoines en 1240(nef, chœur et croisillon sud de transept). Vers 1350, le chevet, qui était plat, avait été remplacé par l’actuel, de forme polygonale. Au 15ième siècle, on construisait le croisillon Nord et les deux travées occidentales de la nef.
Le porche Nord construit en 1525 et orné des statues d’apôtres en 1532 abrite l’ancien portail du 13ième siècle, en plein cintre.
La première archivolte extérieure représente le Christ entre les Vierges sages et les Vierges folles ; la seconde, des prophètes, la troisième une rangée de bustes d’anges contemplant le jugement dernier (du tympan), refait au 19ième siècle.La tour, sorte de beffroi, seul élément qui appartenait à la ville, fut commencée en 1442 et achevée en 1586 (carillon de 42 cloches).
Endommagée gravement par les Français (1677), elle ne put être complètement reconstruite faute d’argent(les Chanoines du Chapitre ont gardé pour eux seuls une somme donnée en dédommagement par Louis XIV pour la reconstruction de l’église … et la tour dépendant de la ville n’a rien reçu !).
Dans l'église :
On ne peut ignorer la très belle statue de Notre-dame de Tongres (1479) offrant une grappe de raisins à l’Enfant Jésus, objet de pèlerinage et d’une procession septennale.
 

cloitreLe cloître roman (12ième,magnifique dans sa simplicité, est entouré d'une galerie à

arcades en plein cintre, portées par des colonettes cylindriquessoit isolées soit

accouplées; les plus beaux chapiteaux sont ceux de la dernière travée (sud-est)


Le cloître faisait partie des riches édifices appartenant au Chapitre des Chanoines.

 

Le musée, dans l'ancienne salle du Chapitre, contient des trésors de l'époque mérovingienne au 19 ième siècle.

<< Tête du Christ >> en bois (11ième siècle)
tant admirée par André Malraux qui, dans son « Musée imaginaire » la reprend comme la plus étrange
des sculptures préromanes de Belgique : l’artiste est arrivé à fixer l’insaisissable : « le moment où l’obscurité qui envahit le creux d’une prunelle éteint la dernière lueur du regard » ultime instant, passage de la vie à la mort…

   
 

Témoins de l’époque romaine :

   
 

Remparts hors enceinte (fin 1ier siècle avant J.C)

   
  Première enceinte romaine :
 


fin 1ier siècle après JC. 2ième s)
(4544 m de long sur 2,10 m d’épaisseur)
Elle est encore conservée à certains endroits sur une hauteur de plus de 5 m.
Le mur était défendu par 3 fossés en V.
Des tours de 9 m. de diamètre étaient implantées à distance relativement régulière.
Aux 5 emplacements des arrivées des grandes voies romaines s’élevaient des portes monumentales (cf. « Porta Nigra » de Trèves) 

Dans la partie septentrionale (Nord), sur le point culminant de la ville, un grand temple avait été érigé. (un premier, fin du 1ier s.; un deuxième sur les mêmes bases dans la 2ième moitié du 2ième s.)Il n’en reste quasi rien d’apparent(un pan de mur).

   
  De la deuxième enceinte (du Bas Empire)
 

enceinte 2

 

 

on peut voir le tronçon restant bien mis en valeur à côté de la basilique (Grand Place).

  vue simultanée des deux enceintes sur le plan actuel de la villeHorus
plan
 

Moyen Age :

   
  Enceinte :
 

enceinte

 

 

vestige à l'Est et au Nord de la vielle

 

 

 


moerenpoort

 

Divers témoins des époques médiévales sont bien mis en valeur tels
la Moerenpoort(porte de Visé),





Geer

 

 

certaines tours des corporations comme la tour des Drapiers (Lakenmakerstoor) le long du Geer

 

 

 

 

 

 

Velinx


la tour Velinx (sur le phériphérique),

 

 

 

 

la Munthuis (riche demeure appelée à tort "maison des monnaies"...celle-ci, disparue, se trouvait en réalité de l'autre côté de la rue!),
la maison des Brasseurs.

   
  Le béguinage
 

beguinage

 

et « son » église Sainte Catherine (13ième s.) egliseont survécu à l’incendie de 1677.

 

On peut donc encore admirer les maisons des Béguines et la chapelle Sainte Ursule, magnifiquement restaurée. 

De même que, la plus récente restauration a concerné l’ « Agnetenklooster »(1418) dont un des cimetières primitifs a fait l'objet d'une étude archéologique et anthropologique approfondie (avec publication des résultats et reconstruction faciale de certains squelettes ).

   
 

La cité

La cité actuelle, qui se veut davantage petite ville provinciale intime plutôt que grand << municipe >>, conserve de très intéressants vestige d'un passé prestigieux qu'elle restaure intelligemment.D'imposantes collections d'objets et monnaies, témoins des époques gallo-romaine et antérieures, étaient magnifiquement présentées dans un nouveau musée (1995). Celui-ci, devenu trop exigu pour toutes les nouvelles découvertes, est actuellement fermé (2007) et fait l'objet de gigantesques travaux d'agrandissement qui engloberont les témoins archéologiques sous la basilique et le tronçon du mur romain à côté de celle-ci.Tout sera alors accessible au public sans danger de dégradation.

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